mercredi 17 août 2011

Héroïne en CDI épisode 11 : LES SOUS- et les SUR-HOMMES

La hiérarchie sociale, saute aux yeux dans un tas de situations, une fois qu'on a pris l'habitude de la voir; et dans le milieu du travail, elle culmine parfois de manière décomplexée. 

Dans mon boulot, le sommet de la pyramide, c'est l'architecte. Alors pour lui/elle, il est interdit d'arriver en retard, consigne de la direction. S'il vient en visite on lui propose un café, on lui sourit beaucoup, on lui serre fort la main. Il n'a aucune raison de penser qu'on ne se conduit pas de la même manière avec tout le monde, pour peu qu'il ne se soit jamais posé la question. Il doit trouver les gens bien sympathiques et très professionnels. 


Sur un petit nuage rose : l'architecte. 

Ensuite, on a souvent la visite de commerciaux, qui viennent tenir à jour nos classeurs de documentation technique, et faire leur blabla sur les dernières nouveautés de leur marque. Alors là, c'est déjà plus la même histoire. Les commerciaux, ON S'EN TAPE. Bien qu'ils aient pris rendez-vous et qu'ils viennent de l'autre bout de la région voire même de la France, toujours en bagnole car personne ne se déplacerait pour venir les chercher à la gare, ils sont reçus: sur un coin de table, sans café, voire même tout en continuant à cliquer sur le mulot. Et eux, doivent garder le sourire, cirer les pompes, distribuer des stylos publicitaires. Métier dégradant s'il en est. Considérés unanimement comme des boulets, ils ne servent qu'en urgence pour obtenir un devis ou nous expliquer des subtilités techniques. 

Heureusement, ma boîte est assez petite pour que, entre employés, on ne fasse pas de différence de statut entre la secrétaire, le chargé d'affaire ou le stagiaire de BTS. 

Dans le milieu, on respecte aussi les gens de chantier et les ouvriers, parce qu'on a bien conscience qu'ils ont pas forcément la meilleure part du gâteau; et on a sûrement aussi un complexe d'infériorité, car eux, ce qu'on dessine, ils le FONT. Mettez moi un chalumeau dans les mains et vous verrez ce que je veux dire. 

Ensuite, tout en bas de l'échelle, il y a bien sûr le ménage. J'ai toujours été étonnée de constater combien le gens aiment casser du sucre sur le dos de la pauvrette en polo à logo qui vient à l'heure du déjeûner. Nul ne semble se demander si ELLE, elle déjeune. Et que c'est plus sale après qu'avant... Et qu'il reste de la poussière ici... Et qu'elle a une drôle d'allure sur son scooter... disent-ils en foutant dans l'évier leur tasse vide qu'elle lavera alors que ça ne fait pas partie de ses attributions. 

Moi, ce que je vois, c'est qu'elle nettoie les traces de merde de la cuvette, ce qui me soulage d'autant plus que je sais de quel cul elle sort - suivez mon regard vers la belle porte en verre de la direction. 

Je m'étais liée d'amitié avec une des nombreuses personnes qui se sont succédé à ce poste (presque que des filles il faut bien le dire), on buvait un café en quatrième vitesse car elle avait commencé à 6h et devait filer sur un autre site avant de finir sa journée. Alors faisons une expérience. Mettons côte à côte un homo architectus et une homo aspiratum. Faisons-leur échanger leurs vêtements pour une journée, il y en a une qui va bien rigoler et l'autre qui va réaliser quelque chose. 

En conclusion, une fois n'est pas coutume, vous aurez droit à une petite polésie, comme dirait l'autre, intitulée: 

AU ROYAUME DE OUI-OUI 

Le directeur dit à la femme de ménage: 
"Voulez-vous un café?" 
Elle lui répondit: "Mais volontiers!"

Le directeur va aux wawa 
Le directeur va faire caca 
Le directeur prend la balayette 
Et essuie la cuvette 

L'architecte dit au laveur de carreaux: 
"Avez-vous déjeuné?" 
"Mais oui, j'ai mangé une entrecôte grillée 

Dans un restaurant du centre, 

Avec une glace aux myrtilles. 
Une fois bien rassasié, 
Je suis r'parti travailler" 

Le chef de rayon demanda au chauffeur: 
"Avez-vous fait bonne route?" 
Celui-ci, réjoui, dit "Si! Yé bienn dolmi!" 

"Dans un gîte d'étape 
Avec petit dej' au lit 
Mon camion de tomates 
Garé devant le logis"