jeudi 6 septembre 2012

Babylone

Anti travail. J'aurai du creuser un peu, voir vos opinions,  et peut être vos solutions ... avant de causer. Mais ce soir j'ai la blase. Je voit des gens comme vous qui tiennent bon, et, une fois n'est pas coutume, j'ai des regrets.

J'ai jamais voulu travailler.  Mon souci est de ne pas supporter la ville.  Squat, volaille, came, tristesse, gris ...  Je tenais pas là-bas. 



A la campagne,  plus dur encore qu'en ville.  Impossible de se poser. Même dans un simple teepee de 6 mètres, On se faisait virer. Les yourtes cramées. Couverts d'amendes. Bref, pas gérable.

Alors que faire ? Je voulais juste faire pousser mes légumes, vendre mes surplus, un peu de travail, oui,  bosser sur une construction contre quelques billets avec les voisins, pourquoi pas...


Mais où ?  J'aime les montagnes, moi. Je n'étais pas d'accord avec l'idée que pour que quelques richous aient des maisons de campagnes je doivent vivre en limousin.

Plein d'amis en limousin, des gens très bien, une bonne énergie. Mais pas envie.


Donc, gagner de l'argent. Couper les dreds. La barbe. S'habiller de manière à pas avoir l'air de sortir de l'HP. Jouer le jeu. Rentrer dans Babylone, déguisé, pour la piller légalement et en sortir.

Légalement. On était un petit paquet au début. Face au constat du mur de l'argent, la solution la plus simple a été le maroc, avec des chiennes en chaleur dans le camion... Les champs de fleurs blanches... Et du cash, vite, beaucoup.


J'ai pas voulu ça. Bad karma.


Donc, au cours d'un voyage en Inde, des bijoux, puis les marchés.

Mais  j'avais besoin de 200 000 euros pour un petite ferme. Du délire, quand on y pense.  1 300 000 francs pou pouvoir vivre simplement. Putain rendez nous la terre, voleurs.

Donc, je prends le mord au dents. Vente aux professionnels. Faire du volume. Jouer le  jeu avec les banques. Devenir un bon client.


Quand je me lis, aujourd'hui, j'en pleurerais. Mais à l'époque, ça m'avait paru être la bonne solution.

Prendre un crédit. Puis le rembourser doucement en sortant 400€ par mois. Gérable. Un monceau de concessions, mal au cul tous les matins. Mal au crâne tous les soirs. Mal aux tripes quand je regarde dans quel bourbier je me suis mis.


Aujourd'hui j'ai réalisé 100 000€ de chiffre d'affaire en 4 mois. Mais c'est la crise. Plus de crédit.  Il faut donc travailler plus pour gagner plus.


Mais c'est la crise. Mes clients détaillants, gros clients, front de mer à Arcachon, Normandie friquée, paris sud ouest, méditerranée... Tous à - 50% 

Les livreur qui arrivent le camion vide. Les chinois qui crèvent la dalle et nous harcèlent. L'état qui ne paye plus. 3 mois que j'attends 10 000 € de TVA.  Les banquiers qui exigent que je me porte caution de ma société pour continuer à bénéficier de ma ligne d'escompte.


Mais me porter caution de quoi ? Je n'ai rien que des dettes ...  C'est comme ça monsieur, on demande ça à tous nos clients.  Ah bon.  Donc, maintenant, une société anonyme à responsabilité limitée ...  ben non. Société anonyme avec la corde au cou.


Le mur arrive. Comme prévu. 5 années que je le vois le mur. Que je prévoit comme je peux comment je peux mettre ma famille dans une relative autonomie. Que ma femme n'ait pas à tapiner au pôle emploi quand mes maladies m'auront rendues impotent. Mais ce putain de système est tellement bien fait, que non seulement tu ne peux qu'y rentrer, mais en plus tu ne peux que couler avec.


J'ai cru être un chanceux. MOI, j'y arriverai.  Infiltré dans Babylone, j'ai gardé le cap. Concession après concession.


Aujourd'hui, je ne constate qu'un échec. J'ai participé à la grande course au rêve. J'ai fait rêver. Et au final je n'ai rien de plus qu'il y a 5 ans. Des dettes, des compétences qui ne m’intéressent pas, un statut social qui me fait honte..

Tu fais quoi dans la vie ? J'éventre la terre mère pour en extraire ses fruits, puis j'exploite le tiers monde, pour soutirer son fric aux salariés lambda.


Ce  soir je tombe sur votre site, et je me sens tellement désolé. Je me retrouve de l'autre coté de la barrière. Plein de rêves, mais de l'autre coté.

Une femme,  2 bébés, 5 ans dans Babylone...  Plus capables de reprendre la route de bon cœur.


Tout perdu, tous perdus. Fait chier.

C.